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nationale enterre son projet d’“Education Data Hub”

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Tags : veille, data, hub, education

https://acteurspublics.fr/articles/leducation-nationale-enterre-son-projet-d-education-data-hub

Comme l’avait annoncé dans nos colonnes le directeur du numérique pour l’Éducation, Audran Le Baron, l“Education Data Hub” ne sera pas. Ou du moins pas dans la forme initialement envisagée. Rembobinons. Au sortir du premier confinement et de l’enseignement à distance, parfois avec les moyens du bord, le ministère avait organisé des États généraux du numérique éducatif pour tenter de mieux diffuser la culture du numérique dans le système éducatif. Il en était notamment ressorti des besoins de logiciels performants, de formations, et d’une gouvernance mieux articulée avec les collectivités.

La piste d’un Education Data Hub avait également été retenue par le ministère, sans que celle-ci n’ait pourtant été proposée ni soutenue sur la plate-forme de consultation en ligne. Dans sa feuille de route des données, publiée en septembre 2021, le ministère, alors en pleine mue vers l’”Etat plate-forme”, y voyait un moyen de collecter, rassembler, standardiser et faciliter l’accès à la multitude de données scolaires laissées par les usages numériques des élèves, des enseignants et de l’administration, afin de nourrir la recherche scientifique et le développement de solutions innovantes, en particulier de logiciels d’apprentissage personnalisé dopés à l’intelligence artificielle.

Il s’agissait, pour le ministère, de surmonter plusieurs difficultés dans la réutilisation de données très variées et très personnelles (traces d’apprentissages laissées dans les logiciels, informations administratives, productions écrites, données de vie scolaire, d’orientation etc…) : “l’hétérogénéité des sources de données, l’absence de catalogues, l’accès parfois difficile aux données, et les enjeux juridiques, éthiques et de souveraineté liés à leur collecte et à leur exploitation”, énumère un rapport de préfiguration de la plate-forme, rendu public la semaine dernière. Et qui fait suite à plusieurs études préparatoires pour confirmer le diagnostic de la situation et proposer de premières pistes de travail.

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Un peu plus de trois ans après la première formulation - ou du moins appropriation - de cette idée par le ministère, ce dernier en a finalement décidé autrement. Sur la base du rapport de préfiguration finalisé en juillet dernier, la rue de Grenelle a préféré s’en tenir à l’existant, et à l’amélioration de l’existant, faute de valeur ajoutée bien identifiée pour l"Education Data Hub". Le ministère dispose en effet déjà de plusieurs plate-formes de ce type, comme la plate-forme de données ouvertes (et donc non sensibles), data.education.gouv.fr, ou encore le programme IDEE, qui offre un accès privilégié aux chercheurs aux données de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance.

Des attentes trop variées 

Pour juger de la pertinence d’un tel projet, la mission de préfiguration, menée conjointement avec l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), a d’abord évalué l’intérêt et la viabilité sur le plan technique et règlementaire (protection des données personnelles) comme économique. Elle s’est attachée à comprendre la situation actuelle, à identifier les freins et les besoins des acteurs qui ne seraient pas encore satisfaits, à délimiter les contours possibles de la future plate-forme et à identifier les briques technologiques existantes, et les verrous technologiques à faire sauter pour héberger les données et les rendre accessibles.

Deux grands besoins ont été remontés par les 230 acteurs rencontrés, entreprises de l’EdTech, enseignants, cadres de l’éducation nationale, collectivités ou scientifiques et services de l’État : la capacité à “comprendre ce qui est et ce qui est fait” dans un système éducatif dont le pilotage souffre de données “insuffisantes en quantité et en qualité”, à commencer par le suivi de la distribution et de l’impact des équipements et ressources numériques ; la capacité à réutiliser les données scolaires pour innover et créer des solutions “aider les enseignants dans les tâches d’évaluation, pour faciliter l’organisation des enseignements et des temps périscolaires, pour améliorer la détection anticipée des décrochages, pour une orientation, une éducation et un accompagnement adaptés et personnalisés des apprenants”.

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Si les idées ne manquent pas, le vrai problème est celui de l’accès aux données. Or, “recenser les données existantes ne change pas nécessairement grand-chose à leur disponibilité pratique. Les rassembler dans un entrepôt sécurisé ne facilite pas nécessairement leur exploitation”, pointe la mission. Le modèle de la "bulle sécurisée" déployée notamment par le Health Data Hub pour stocker et traiter les données serait en l'occurrence inadapté, car trop limitant, et trop rigide pour des données scolaires de niveaux de sensibilité très divers. La mission ajoute qu_'“une plateforme de données n’est pas une fin en soi mais un moyen, sa valeur ne réside que dans ce qu’elle permet de faire de nouveau”._ 

A la place d’une plateforme unique pour centraliser les données, dont les différents acteurs se font une idée très différente, et qui peinerait forcément à répondre à la diversité des attentes, le ministère préfère concentrer ses efforts sur des initiatives déjà lancées pour faire davantage circuler les données, comme le programme IDEE, ou en cours, comme la création d’un tableau de bord partagé entre l’État et les collectivités destiné à améliorer le pilotage du système éducatif, comme le font déjà l’Intérieur ou les Finances publiques. Le ministère travaille enfin sur un “cadre d’architecture et des règles et standards communs” entre acteurs publics et privés. Une manière de faciliter la circulation des données éducatives, avec ou sans plate-forme centrale.