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05/04/2024
•Tags : AI, IA, technocritique
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Edito grinçant sur les fausses promesses de l'IA
Par Ambroise Garel
Récemment encore, j’étais optimiste. Quand il m’arrivait de me demander si l’enthousiasme général au sujet de l’IA n’était pas qu’une resucée de celui qu’on a connu au sujet du métavers et des NFT, je me disais « rhoo, non, quand même », puis, après un long moment de réflexion, « l’IA, contrairement au métavers et aux NFT, ça sert à quelque chose ». Mais comme tous les optimistes, j’étais un grand naïf, c’est pourquoi je n’allais jamais jusqu’à me demander « oui, mais aujourd’hui, concrètement, ça sert à quoi ? ».
Or il se trouve que, depuis, j’ai lu le dernier numéro de Where’s Your Ed At?, la newsletter d’Ed Zitron, dans laquelle, patiemment, bout à bout, il aligne extraits d’interviews lunaires des boss de l’IA, promesses non tenues des systèmes existants, doutes des investisseurs concernant la possibilité de faire un jour de l’argent avec ces outils. L’effet d’accumulation, assez terrifiant, pose deux grandes questions : l’IA sert-elle aujourd’hui à quelque chose et, surtout, sera-t-elle un jour prochain, comme on nous le promet du matin au soir, capable de faire davantage ?
Question essentielle, car les entreprises de l’IA ne nous vendent pas tant les capacités réelles de leurs créations que la promesse de performances futures, allant de l’IA générale (qui, spoiler, restera un délire pour auteur de SF) aux voitures vraiment autonomes (pas demain la veille non plus, on en parlait justement il y a deux jours), en passant par des outils de création par IA suffisamment pilotables pour qu’ils soient utiles aux professionnels (on n’a pas la moindre idée de comment faire). Bref, si l’IA, comme d’ailleurs les NFT, a d’ores et déjà un intérêt pour quelques usages précis, comme trier des photos, générer des dessins pas terribles pour illustrer des bouquins ou encore garnir des sites web de textes moisis, rien ne nous garantit, à part les promesses grandiloquentes de types souvent plus marketeux qu’ingénieurs, qu’elle sera un jour capable de faire autre chose.
Il y a même de bonnes raisons de penser le contraire. Passer à la suite nécessiterait de résoudre des problèmes techniques considérables (impossible de générer des vidéos ou de proposer des textes ou des synthèses de qualité tant qu’on n’aura pas résolu le problème des hallucinations, et on n’a pas le début d’une piste) et de disposer d’une quantité monstrueuse d’énergie pour continuer à entraîner des modèles de plus en plus gros sur des masses énormes de données souvent obtenues illégalement. Quant aux usages bien concrets et actuels, pour le moment, presque aucune entreprise n’a réussi à en tirer profit. Ce qui n’augure rien de bon pour la suite.
Car le jour où les entreprises et les marchés se rendront compte que leurs espoirs ont été déçus, que loin d’être un changement de paradigme capable de générer de la croissance par enchantement, l’IA n’est qu’un gadget de plus, la douche risque d’être froide, et ses utilisateurs se tourneront alors vers d’autres cieux. Sauf peut-être les arnaqueurs. Tiens, voilà un autre point commun avec les NFT.